La croissance mondiale a été étonnamment résiliente en 2023, la baisse des prix de l’énergie et l’atténuation des tensions sur les chaînes d’approvisionnement ayant contribué à faire reculer l’inflation plus rapidement que prévu. Toutefois, des indicateurs récents laissent entrevoir une certaine modération de la croissance. En l’absence de nouveau choc négatif affectant l’offre, l’atténuation des tensions au niveau de la demande devrait permettre à l’inflation globale et à l’inflation sous-jacente de reculer encore dans la plupart des économies. D’ici à la fin 2025, l’inflation devrait revenir à l’objectif dans la plupart des grands pays du G20. Les risques géopolitiques, en particulier ceux liés au conflit qui a éclaté au Moyen-Orient après les attentats terroristes commis par le Hamas contre Israël, demeurent importants. Des hausses inattendues de l’inflation pourraient quant à elles entraîner de fortes corrections des prix des actifs financiers, les marchés intégrant dans les prix la possibilité que les taux directeurs se maintiennent dans la durée à un niveau élevé.
L’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont diminué en 2023. Certains des facteurs ayant contribué à la désinflation au cours de l’année écoulée sont maintenant en train de se dissiper ou de s’inverser, tandis que d’autres sont exposés aux évolutions géopolitiques, aux événements météorologiques extrêmes ou à des événements imprévisibles. Étant donné que l’inflation est toujours au-dessus de l’objectif visé dans la plupart des pays, et que la croissance des coûts unitaires de main-d’œuvre reste généralement supérieure aux niveaux compatibles avec les objectifs d’inflation à moyen terme, il est trop tôt pour confirmer la fin de l’épisode inflationniste qui a débuté en 2021.
Les indicateurs à haute fréquence de l’activité laissent généralement entrevoir une poursuite de la croissance modérée observée récemment. On continue de relever des signes clairs de croissance économique forte à court terme en Inde, relativement faible en Europe, et modérée à court terme dans la plupart des autres grandes économies. La croissance mondiale, estimée à 3.1 % en 2023, devrait ralentir pour s’établir à 2.9 % en 2024, puis à 3.0 % en 2025.
Les dépenses des administrations publiques doivent davantage cibler les investissements qui contribuent à une croissance durable, notamment ceux dans le capital humain. Les scores récents des pays de l’OCDE à l’enquête PISA montrent que les résultats scolaires sont en baisse, alors même que le niveau de compétences exigé par l’économie du futur augmente. La dette publique est généralement plus élevée qu’avant la pandémie, et s’établit dans de nombreux pays, en proportion du PIB, à des niveaux qui n’avaient été observés précédemment qu’en temps de guerre. Les gouvernements doivent adopter des plans budgétaires respectueux de l’équité intergénérationnelle et préparer leur économie aux défis à venir.
L’économie mondiale a bien résisté en 2023, mais certains signes indiquent que la croissance a ralenti avec le resserrement de la politique monétaire qui commence à produire ses effets. Selon les projections, la croissance mondiale devrait rester modérée en 2024 et 2025, l’inflation revenant vers son objectif dans la plupart des pays d’ici 2025. Les principaux risques à court terme tiennent aux tensions géopolitiques, surtout si le conflit au Moyen-Orient devait entraîner des perturbations sur les marchés de l’énergie, et aux incertitudes entourant l’ampleur de l’impact du relèvement des taux d’intérêt.